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Ca y est !


Une dernière nuit secouée de rêves quelques fois éveillés.

Descendre dans la nuit froide et pendant le trajet vers la gare, se dire qu'on est là et demain ailleurs, vers cette destination qui, pour être devenue réelle pendant un court séjour, n'en semble pas moins toujours aussi inaccessible. Pas moins de deux TGV pour traverser la France et enfin Roissy-Charles de Gaulle !
Tu es en lieux connus, tu y es venu il n'y a pas si longtemps... Zou ! Direction l'enregistrement. Il faut tellement marcher, avec tes 20 kgs de valise au bout du bras, que t'as l’impression que le Viet Nam, tu va y arriver à pied ! Singulièrement déshydraté, tu arrive au guichet pour l'enregistrement de ta valise et de tes espoirs de boire un coup en cabine.
"Monsieur, vous ne pouvez pas embarquer, le numéro de votre passeport sur votre approbation de visa comporte 2 erreurs". L'eau glacée que tu comptais mettre dans ton whisky commence par ruisseler dans ton dos, en mode douche froide.
"Arrghl ??", oses-tu tout même interroger.
"Vous ne pouvez pas, etc... Je vous la mime ou ça va aller ? La responsable de la compagnie est formelle : ils ont fait une faute de frappe et c'est non - 2 fautes c'est 1 de trop."
Il te reste 1h30 avant le départ. Enfin... Si tu arrives à partir... Et là, tu te dis "Mon p'tit Edgard*, va falloir inventer de la poésie pour charmer tout ce beau monde."
Trois coups de fils et des minutes d'attente après, je retente mon approche, la gorge de plus en plus sèche, mais auprès d'un autre préposé aux valises volantes. 
"Blablabla, toussa, je peux prouver là-bas que, enfin voilàvoilàvoilà, bref, faut que je décolle. D'ac' le blond ?"
"OuiMaisNon, faut que je demande à...". Et là, il te reste 25 mn avant le décollage.
Je finis par obtenir un "Si vous pouvez prouver que vous avez un billet de retour, vous pouvez embarquer mais pour un séjour de 15 jours, donc sans visa".
Travelling :  Un mec harassé, valise-boulet au bras et ordi transportable en bandoulière, tapant frénétiquement sur le clavier vietnamien de son portable une recherche de vol, tout en courant vers la zone d'embarquement au son d'un appel haut-parleurs "Les derniers passagers pour le vol VN 18, putain ça serait bien qu'ils inventent la vitesse subsonique pour embarquer porte M47 !"
Le passeport entre les dents, le téléphone qui s'est mis en veille sur un '2165aa&@gmail.com', tu te vois remettre une décharge qui t'autorise à monter à bord, sans justificatif et "grouillez-vous, avec le décalage horaire, vous allez finir par arriver dans 3 jours".

On est parti avec 1h30 de retard. Ca a été un de mes meilleurs whisky...

* Pour ceux qui n'auraient pas suivi...

Commentaires

  1. Noooonnn ! J'imagine la montée d'adrénaline, celle qui permet de tenir bon ton rêve, à bout de bras, surtout ne pas lâcher ! Ils ne me l'enlèveront pas ! Comme une épreuve supplémentaire imprévue qui signifierait : tu le veux braiment le Vietnam ? Ben vas-y, fais voir, prouves-le !!
    Il est des circonstances où les choix intérieurs que tu fais demandent confirmation dans la vie réelle … ça, c'est fait !!

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