Top

Chùa Giác Lâm

Donnée pour être le plus ancien temple bouddhiste de cette ville (1744, je me gausse, mais je ne vais pas faire de comparaisons avec Ha Noi, je vais – encore - me faire du mal…), elle se trouve assez loin du centre, dans le district de Binh Than. Du coup, la vieillerie a été répertoriée comme un important site historique par le ministère de la Culture en 1988. J’étais le seul touriste en ce dimanche de Pâques.

Le site est grand. Quand tu arrives, tu as le grand stupa de 32 mètres qui domine les jardins du temple. On l’appelle Xá Lợi. Un truc récent. Cette tour haute de sept étages, de structure hexagonale contient une relique de Bouddha logée à l'étage supérieur. A ce qu’il parait, on peut y monter. Devant, je te présente Kuan Yin, la déesse de la Miséricorde sur une fleur de lotus ouverte, symbole de pureté.

Après, tu tombes (Oui, il y a un jeu de mot) sur un ensemble de belles stupas (38, un mec les a compté) dont celle du fondateur de la pagode.
Ici, quand tu vois des toitures recourbées vers le ciel, alors c’est que c’est dans le style Kiến Trúc Cổ, symbole de l’esprit le plus haut. Mais on s’en fout, demain on aura oublié.
En fait, les photos parlent d’elles-mêmes. Il manque des vues de l’intérieur du temple en lui-même, il y avait un office quand j’y suis allé…

Ce qu’il y a d’intéressant dans cette pagode, c’est qu’elle est représentative du bouddhisme zen made in Vietnam. Le zen vietnamien dit zen originel ou Thiền Tông a deux lignées principales, la première lignée serait transmise par l’un des disciples de Sosan, 3ème ancêtre patriarche du zen et la deuxième par un des disciples de Daikan Eno (Huệ Năng en vietnamien) ancêtre fondateur de l’école Nam Tông dite du Sud – de la Chine.
Pour résumer brièvement, l’enseignement du zen Soto est basé sur une pratique intensive de méditation zen alors que le zen Rinzai tend vers la résolution d’une « interrogation » primordiale. Voilà, quand on a dit ça…
Au Vietnam, les deux lignées du bouddhisme zen existent mais le zen Rinzai est dominant. On va pas non plus y passer le weekend, hein. Mais il est tout de même important de redire – ici comme ailleurs - que le bouddhisme est une religion initialement « athée », autrement dit, elle n’est pas fondée sur un « dieu à vénérer, à prier » ou un dieu créateur du ciel et de la terre.

Pour terminer cet article vachement culturel, je vais te dire que littéralement "Chùa" signifie Pagode ou Temple, "Giac Lâm" signifie "L’éveil de la forêt", rapport à l’éveil du Bouddha Shakyamuni qui eut lieu dans les années -500 av. J-C. Les constructions ont pris pour modèle le tracé calligraphique très équilibré  du chiffre mythique « Trois » –Tam en vietnamien ancien (Non, je ne l’ai pas appris, j’ai déjà du mal avec le moderne…). Sur le site, trois bâtiments alignés parallèlement ont donc été construits vers la moitié du 18è siècle. En ligne avec l’idéogramme, la maison du milieu est moins longue. Ces « maisons » sont dédiées respectivement au culte, à l’enseignement du bouddhisme zen rinzai et à la cantine/dodo. 
On retrouve donc la géomancie cosmique chinoise du Feng Shui (Phong Thủy, en vietnamien), qui d’ailleurs est à l’origine des huit trigrammes du Bat Quai (bagua, pour ceux qui connaissent le chinois) et des 64 hexagrammes (8×8) du Yi-King. 

Ce qui pourrait faire le sujet d’un autre article…


Commentaires

Articles les plus consultés