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Salut ma belle !

Je n’ai pas pris de photos. C’était un moment à moi, rien qu’à moi. Il fallait que je me rassemble.

A peine mes pas dans Phố Hàng Phèn, la lenteur trépidante de Hà-Nội m’entourbillonne de cris, de couleurs, de chants, d’odeurs. Ma tête ne tourne pas, je suis comme en équilibre. 

Un ami m'a réservé une chambre dans un petit hôtel du vieux quartier. Ces quelques rues qui se faufilent entre la citadelle et le fleuve rouge forment ce qu’on appelle le quartier des 36 rues ou 36 corporations. Il est dessiné comme une feuille dont la nervure centrale serait l'axe commençant par Hàng Đào (Rue de la soie) puis par les rues Hàng Ngang (Des textiles), Hàng Đường (La rue du sucre), Đồng Xuân – le marché couvert - et Hàng Than (Autrefois dans cette rue se vendait du charbon sous toutes ses formes. Maintenant, elle est connue pour ses desserts « Bánh Cốm»). 

Phố Hàng Phèn veut dire ‘rue d’alun’, il n’y a pas de hasard… Je finirai ainsi ma cicatrisation : dans les cris des gosses qui jouent à s’attraper, des vieilles qui s’interpellent sous leur Nón Là et des hommes qui jurent au-dessus d’une partie de dames chinoises ; tout se refermera sous les chants des oiseaux dans les cages suspendues au-dessus des tables, rivalisant avec un improbable karaoke matinal alors que je me drape avec délices dans la fumée odorante des Bún Chả. Mes rouges-blessures se noient dans les pastels passés des antiques façades qui racontent les soleils et les moussons… Ma tête ne tourne pas, je suis comme en équilibre. 

Je me sens comme si je n’étais jamais parti ou à peine, pour jouer à faire semblant ; j’étais juste là, pas loin, me revoilà planté au milieu des motorbike asthmatiques croulant sous des cargaisons en équilibre défiant les dieux. Ma tête ne tourne pas, je suis comme en équilibre. 

On s’est manqué, espéré, cabossé – hein ma belle. Nous revoilà, amants furtifs dans le tourbillon d’un temps exacerbé de printemps.

Il est à nouveau temps de vivre.

Xin Chào Hà-Nội !

Commentaires

  1. Hanoï nous envoûte, se fait désirer, on pense la connaître, et au détour d'une rue, d'une ruelle, on découvre un autre monde dans lequel on se perd avant de la retrouver, elle se joue de nous pour se faire aimer et on (j') aime ce jeu !


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