Dessine-moi une maison !

Ce soir j’ai envie de parler de quelque chose de banal en soi, mais qui ici prend des allures kitschissimes et pour tout dire, assez déroutantes : construire une maison… 

Le Vietnam est en pleine croissance économique, l'argent circule, le niveau de vie s'améliore toussa et certains veulent que ça se voie.

Que faire pour montrer à tous que "ça va merci, oui mon fils est dans les affaires et ma fille dentiste..." ?

Se construire une super baraque, pardine ! Voila !

Mais alors super partout : en taille, en étages, en balcons, en colonnades, en bords, en débords et alors… Les couleurs.. ! Mais les couleurs, quoi ! Daltoniens sous substances illicites, les gus ; ça pique les yeux, n’a bobo…

Bon on va faire une parenthèse culturelle, parce que, tu me connais on n’est pas là que pour rigoler.

Ladite parenthèse s’appelle aujourd’hui «Le vieux Quartier».

A une lointaine époque, la ville n’était qu’un réseau d’environ 36 rues, qui composent donc, pour partie, le Quartier Ancien actuel - dit des 36 corporations. Chaque rue était dédiée à une corporation spécifique : la rue des bijoux, de la soie, de la métallurgie, de la poterie ou des nattes… Bien avant l’arrivée des français, le site bénéficiait d’une solide réputation de zone commerciale sur le Delta du Fleuve Rouge. C’est aussi dans le Vieux Quartier que se situent la Pagode au Pilier Unique et un des plus vieux temples de Hanoi, daté du 9ème siècle : le Temple de Bach Ma. Or, la caractéristique peut-être la plus intéressante du Vieux Quartier est la façon dont les maisons ont été conçues. 

Imagine ! Des centaines d’années durant, les rois et autres empereurs ont imposé à leurs sujets que leurs habitations ne dépassent pas la hauteur du palanquin royal. Un rapide calcul géométrique et surtout pragmatique, prenant en compte surface habitable et densité de population, a déduit une habitation dont la façade étroite serait réservée aux échoppes, tandis que le corps du bâtiment, tout en longueur, abriterait ateliers, salle à manger et autres chambres à coucher.

On voit toujours ce style de construction de nos jours, toujours aussi étroite, mais avec quelques étages de plus que la hauteur d’un royal palanquin…

Retournons à nos petites maisons blanches au toit de tuiles rouges, nos superbes villas à colonnades… Tu noteras avec moi que souvent, seule la façade avant est peinte, nib de dong, bien sûr... Les plus riches sont ceux qui ont fait peindre les quatre façades ! Enfin pas tant que ça… Plein de gens très moyennement aisés ont ce genre de… heu… demeure. 

J’arrête de taquiner 😉

Il est vrai qu’il serait plus sympa et de meilleur ton de parler du patrimoine architectural français de Hanoi (Si le sujet t’intéresse, j’ai écrit un article pour le boulot ici) ou du bâti traditionnel, car en gros, au Vietnam, l’habitat diffère en fonction de chaque ethnie, des conditions climatiques et topographiques de la région. Ca fait de quoi écrire pendant quelques temps mais un jour, je te ferai un résumé. 

Une dernière particularité remarquable, pour terminer : tu verras toujours au moins un bonsaï, des plantes en pot, parfois des herbes aromatiques sur le balcon ou en bordure de fenêtre, sur les toits terrasse, au milieu du linge mis a sécher, car même au plein cœur de l’hyper centre ville, la nature se doit d’être honorée… 

Prochain le prochain post, tu préfères un truc sur l'habitat traditionnel ou sur les gratte-ciels ?

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