Un premier janvier...

C'est un dimanche, dans une grosse bourgade à l'est de Hà Nôi...

- "Viens ! On va prendre le Phở à côté !" En entendant le nom de mon plat préféré, mon esprit accomplit victorieusement ce qu'un cà phê đen (un café noir) n'avait maladroitement pas tenté : me réveiller.

Mais sur le trottoir mon esprit tout neuf me souffle : à côté ? A droite, c'est le garagiste qui fait taxi aussi et qu'au sourire rocailleux de nicotine, je suppose qu'il a un 3eme métier. A droite, il y a petite soeur, la couturière, dont le regard ravauderait bien des coeurs, qui peine sous un mauvais éclairage à manoeuvrer un prototype d'ancêtre de machine à coudre. C'est chez elles, petite soeur, grande soeur et tante que je vais déguster mon phở... Car pour arrondir leur fin de journée, elles auront cuisiné une partie de la nuit...

Tu vois la scène ? Comment veux-tu que je taise la douloureuse élégance de ceux qui raccourcissent leurs nuits pour faire une place à leurs rêves ?!

J'ai partagé ce moment avec des gens que j'aime et qui m'aiment. Petits moyens et grosses gamelles, nuits courtes mais des rêves à n'en plus finir...

Pour un coeur qui bat à l'unisson d'une vie douloureusement, tragiquement réelle...