Arrivée à Hanoï

La rencontre est brutale, mêlée d’une douceur implacable qui me saisit dès que je sors de Noi Bai, l’aéroport d’Hanoï. 

Cette odeur âcre des fumées d’échappement et ce que je ne sais quoi d’épicé qui vient titiller un truc dans ma tête, je ne savais pas que ça dormait là. Car c’est bien ça : quelque chose vient de se réveiller, qui fait un peu comme cet oiseau qui vient de se poser sur une branche.

On est en hiver, la lumière paresseuse lambine le long d’une route un peu triste qui s’enfonce fermement vers le centre, poussée par les premières grappes de scooters.
Et… Regarde..! Hanoï c’est Thăng Long, le dragon qui se dresse entre les fleuves et dont l’élan emporte tout dans une apparente pagaille. Cet animal légendaire a,au fil des ans, creusé, laminé, façonné, construit et démolit. Il a été le témoin de la grandeur et de l’horreur des hommes. Il s’est abreuvé à tous les lacs, s’est assoupi sous les étés tremblants, s’est ébroué dans les moussons. Il se nourrit de nos rêves et de nos peurs, de nos attentes et de nos espoirs. Il tord le temps comme on forge des clefs…

Tu le sens autour de toi ? Voilà… C’est ça…

Toi aussi, tu le ressens ce frémissement qui lentement, se réveille quelque part en toi…